Évolution générale des milieux humides et des vallées dans le Warndt

Les fonds de vallées étaient à l’origine essentiellement alimentés par les alluvions issues du bassin gréseux, siliceuses et acides.

C’est dans les dépressions des vallées, au niveau des zones d’affleurement de nappe et de ralentissement des écoulements que se sont formés, sur substrat acide, les marais tourbeux.
Ces marais étaient localisés au cœur des massifs forestiers.

Les défrichements successifs et les drainages ont permis la minéralisation de la tourbe et donc un enrichissement du milieu permettant la fauche et la pâture. Les zones les plus mal drainées ont conservé le fonctionnement propre aux tourbières, dont la tourbière de l’étang d’Oderfang (données C.S.L.).

Des milieux de transition entre les différents états de l’occupation du sol (cultures, prairies, tourbière, forêt, ...) abritaient une faune et une flore remarquables.

La déprise agricole des années 60 a engendré un processus inverse de recolonisation du milieu par les boisements. Les secteurs humides sont actuellement laissés à l’abandon et les arbres et arbustes progressent et tendent à fermer le milieu à partir des lisières forestières et des fossés.

Les prairies de fauche, une fois abandonnées, ont évolué rapidement en cariçaies eutrophes puis ont été envahies par les roseaux : un enrichissement en alluvions a abouti à l’eutrophisation d’une partie de ces milieux. Le développement des grandes roselières met en évidence ce phénomène.

L’alluvionnement engendre la disparition progressive des dernières zones de tourbières. La pollution des cours d’eau, par les activités humaines, concourt également à la dégradation du milieu ; ceci par l’apport de matières polluantes et eutrophisantes (phosphore, métaux lourds, nutriments en excès, ...).

Un exemple : l’amont de la vallée de la Rosselle à Oderfang, ville de Saint-Avold

Analyse de l’évolution paysagère dans la vallée amont de la Rosselle
(secteur Nord de Saint-Avold)

Cette analyse a été réalisée à partir de photographies aériennes et de la carte géologique du secteur, et des connaissances du GECNAL   du Warndt sur le terrain.

Situation dans les années 1950

Les vallées apparaissent très clairement. La ville de Saint-Avold forme une unité compacte, implantée en bordure de la vallée de la Rosselle. Le parcellaire est très morcelé et caractéristique d’une agriculture extensive et / ou familiale.

Les fonds de vallée et les zones humides s’insèrent dans un paysage très ouvert, aux vues lointaines coupées par les accidents du relief. Seules les forêts constituent des zones fermées, visibles de loin et donnant une échelle au paysage.

Deux vallées se rejoignaient donc au Nord-Ouest de Saint-Avold : la Rosselle amont et le Muehlegraben.

Les deux fonds de vallées, "enchâssés" en milieu boisé, étaient constitués de prairies de fauche de part et d’autre d’un fossé où s’écoulaient les eaux issues du drainage de la nappe.

Des étangs avaient été aménagés dans ces deux vallons grâce à la construction de digues : l’étang d’Oderfang et l’étang de Merbette.

Des secteurs tourbeux (ancienne tourbière d’Oderfang) se localisaient à la jonction de ces vallées et certains furent exploités les années antérieures.

Une ceinture paysagère constituée de cultures et de vergers permettait la transition entre le village et le milieu forestier.

Quatre unités paysagères apparaissaient donc sur le secteur :
 le bâti,
 les boisements,
 la zone de culture (vergers, prés, labour),
 les vallées à prairies de fauche.

Les limites géométriques entre ces unités paysagères révèlent une structuration rigoureuse de l’occupation du sol. Les vallées et les zones humides ont une place et une importance bien précises dans l’utilisation des ressources du ban communal.

On observe déjà cependant un début d’éclatement du tissu urbain avec des constructions par "îlots" disséminés sur tout le ban communal.

Situation en 2000

La lecture paysagère semble beaucoup plus difficile. De nombreux secteurs du ban communal ont été cédés à l’urbanisation, souvent concentrée le long des voies de circulation.

Les vues sont plus restreintes en raison :
 de l’urbanisation le long des routes qui forme des murs hermétiques au regard,
 des friches arborées qui font office d’écrans et altèrent le paysage,
 du remblaie de la R.N.3 qui cloisonne les espaces.

Les unités paysagères sont plus difficilement différentiables et la distinction entre milieu ouvert (cultures, vallées) et milieu fermé (forêts) est moins claire.

Les zones humides et les vallées n’ont plus leur place dans l’utilisation humaine de l’espace du ban communal. Les lisières forestières ne sont pas nettes et les boisements se diffusent sur les terrains laissés à l’abandon.

La vallée de la Rosselle a ainsi été profondément dégradée. L’étang d’Oderfang a disparu pour laisser la place à une roselière eutrophe. Le secteur plus en aval, au Nord de la R.N.3, est en cours de colonisation par la strate arborée.

L’abandon des pratiques agricoles, l’expansion de l’industrie, et les pompages dans la nappe des grès qui s’en suivirent, ont totalement dégradé les vallées.

Les terrains autrefois exploités ont été colonisés par les boisements du fait de l’abandon des prairies de fauche.